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Le projet de loi PACTE, de nouvelles dispositions en matière de propriété intellectuelle.

Afin de renforcer la création et le développement d’entreprises, le Ministre de l’économie et des finances, Bruno Lemaire, a lancé un Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (PACTE). L’objectif de ce projet est de permettre aux entreprises d’être plus innovantes. Actuellement en cours de rédaction, il a fait l’objet d’une consultation publique en janvier dernier et devrait être présenté au conseil des ministres fin avril 2018.

Trois mesures sont à retenir de ce plan d’action :

Sur l’allongement du certificat d’utilité.

Ce projet propose notamment d’allonger la durée du certificat d’utilité, auparavant de 6 ans, et qui sera portée à 10 ans.

De plus, le projet prévoit d’autoriser la conversion, jusque -à impossible, du certificat d’utilité en demande de brevet d’invention.

Pour rappel, le certificat d’utilité est un titre de propriété industrielle destiné aux inventions à durée de vie courte, répondant aux mêmes conditions d’attribution que le brevet. De nombreux projets dans le domaine des technologies de la communication pourraient être intéressés par ces certificats du fait de cette durée plus longue. Le délai de 6 ans était généralement considéré comme trop court dès qu’un retour sur investissement était attendu.

Sur la demande provisoire de brevet

Le projet prévoit l’instauration d’une demande provisoire du brevet, avec la possibilité pour l’entreprise de compléter son dossier pendant une durée d’un an.

Une telle demande provisoire existe déjà, prévue aux articles L 612-2 et L 612-3 du code de propriété intellectuelle, elle permet d’obtenir pour une seconde demande déposée dans les 12 mois suivant une première demande de bénéficier de la date de cette première demande.

Toutefois, elle ne concerne que les « éléments communs » à ces deux demandes, aussi tout élément nouveau ne bénéficie pas de l’attribution de la date initiale.

Cette nouvelle disposition devrait permettre davantage de dépôts. En effet, de nombreux déposants ne parviennent pas à finaliser le dossier dès la phase de dépôt.

Toutefois, la consultation publique a mis en exergue deux craintes principales : d’une part, que cette demande provisoire donne une impression de protection illusoire aux demandeurs, et d’autre part, que cette possibilité encourage la prolifération de dépôts de piètre qualité.

Sur la nouvelle procédure d’opposition aux brevets

Cette nouvelle procédure d’opposition aux brevets est présentée par le Ministère de l’économie et des finances comme une alternative aux recours juridiques actuellement en place.

Actuellement, les tiers ont déjà la possibilité d’émettre des observations dans un délai de 3 mois à compter de la publication du rapport de recherche préliminaire. Ces observations prennent la forme de documents, visant à remettre en cause la nouveauté et l’activité inventive de l’invention objet du brevet. Au delà de ce délai, ces observations n’ont d’effet que si le rapport de recherche définitif n’a pas encore été établi.

Avec le PACTE, les tiers auront la possibilité de s’opposer directement au brevet en déposant un recours administratif auprès de l’INPI.

Pour autant, cette opposition auprès de l’INPI nécessitera que l’institut développe des compétences particulièrement étendues, qui étaient attribués auparavant aux experts désignés par les tribunaux.

Enfin, rappelons qu’il existe déjà une procédure d’opposition auprès de l’OEB (Office Européen des Brevets). Il faudra donc s’assurer de la compatibilité entre l’opposition nationale et l’opposition à l’échelle européenne.

Néanmoins, le parallèle peut être fait avec la procédure d’opposition en droit des marques et son succès indéniable au regard du nombre de dossiers traités. Le même succès peut être envisagé en matière de brevet car la longueur des procédures judiciaires et leur coût rebutent de nombreux acteurs.

En conclusion, les professionnels de la propriété intellectuelle doivent garder un œil attentif à ces nouveaux dispositifs en vue d’imaginer une utilisation contrôlée et adaptée.

Blandine Poidevin